Les trois partis en course pour la mairie de Montréal étaient présents hier après-midi, lors du débat sur l’habitation à Montréal organisé par la FOHM, la FHCQ-FECHIMM et le FRAPRU. Balarama Holness, chef de Mouvement Montréal, Robert Beaudry, porte-parole en l’habitation de Projet Montréal, et Karine Boivin Roy, porte-parole en habitation pour Ensemble Montréal, ont présenté leur vision de l’habitation pour la métropole. Appelés à s’exprimer sur la question de la crise du logement, à définir la question du logement « abordable » et à détailler les plans de leur parti respectif sur le développement du logement social et communautaire, chacun des représentants a pu, tour à tour, présenter sa plateforme.
Karine-Boivin Roy a ainsi déclaré que, loin de bonifier le Règlement pour une métropole mixte (RMM) adopté en avril dernier, Ensemble Montréal reviendrait aux paramètres de la précédente Stratégie d’inclusion dont les résultats limités ont été pourtant maintes fois démontrés. «Cela nous ramènerait 15 ans en arrière, avant la première Stratégie sur le logement abordable», soulève Chantal Desjardins, directrice générale de la FOHM.
Robert Beaudry a quant à lui défendu le bilan de Projet Montréal et l’ambition du RMM, considérant celui-ci doté de mesures de contrôle capables d’endiguer les failles de la précédente Stratégie. Il n’a toutefois pas détaillé comment la Ville pourrait s’assurer, à long terme, de l’abordabilité des logements construits hors du programme AccèsLogis lorsque l’exploitation de ceux-ci serait confiée au privé. «Les deux principaux partis veulent faire du logement abordable à 90% du prix du marché qui, lui, est déjà trop haut. Cela ne répond pas aux besoins de la population à revenu faible ou modeste. De plus, ils comptent beaucoup sur le privé pour réaliser ces unités de façon pérenne. Les mesures de contrôle évoquées par M. Beaudry concernant le prêt de terrains par la Ville qui pourraient garantir une pérennité sont encore très imprécises», ajoute la directrice générale de la FOHM. «Le RMM créé par Projet Montréal est un pas dans la bonne direction, mais il faut aller plus loin. Il permet plusieurs portes de sortie qui n’obligent pas les promoteurs privés à inclure du logement social et communautaire. Malgré leur bonne volonté, nous avons peur de nous retrouver dans 4 ans avec beaucoup de logements abordables qui ne le sont pas dans les faits, et très peu de logements sociaux à cause du manque de financement de Québec» déplore-t-elle.
Pour Mouvement Montréal, la métropole ne devrait pas dépendre de Québec et Ottawa pour financer le logement social et communautaire. Holness ajoute que pour financer ses projets, incluant la construction de 30 000 nouveaux logements sociaux, son parti ferait pression sur le gouvernement provincial pour qu’il alloue une plus grande partie du PIB provincial au budget des dépenses municipales de Montréal. Ainsi, les Montréalais pourraient profiter de retombées concrètes du haut PIB de la métropole. Il soulève également qu’il n’a pas foi en une future nouvelle administration Plante pour livrer les logements prévus dans la plateforme de Projet Montréal. Selon lui, dans quatre ans, la situation n’aura guère changé.
«Pour nous, la seule façon de s’assurer d’avoir des logements qui demeureront en dehors du marché spéculatif est la réalisation de logements par des organismes à but non lucratif dont l’objectif n’est pas de procurer du rendement, mais de loger les gens décemment. Plusieurs grandes villes dans le monde sont aussi aux prises avec les mêmes problèmes qu’à Montréal et ont osé faire plus de place aux logements à but non lucratif. À Vienne, par exemple, c’est 60% du logement qui est à but non lucratif, alors qu’à Montréal nous en sommes seulement qu’à un maigre 6,8%», conclut Mme Desjardins.
Alors que la crise du logement bat son plein dans la métropole et que chaque parti annonce depuis quelques semaines des plans pour répondre à cette crise, on ne peut que constater avec regret que ni Valérie Plante ni Denis Coderre n’ont jugé bon de se déplacer en personne pour ce qui est à ce jour l’unique débat sur la question du logement, la priorité numéro un des Montréalais.es selon un sondage Léger-Le Devoir. Au-delà des promesses contenues dans les plateformes, doit-on lire là un manque d’intérêt à défendre les mesures qu’ils promettent de mettre en place ou la peur de s’exposer à des sujets qui pourraient être glissants?