Jusqu’où accepterons-nous le désengagement de l’État? – Fédération des OSBL d'habitation de Montréal
514-527-6668
communications@fohm.org

Nos nouvelles

Jusqu’où accepterons-nous le désengagement de l’État?

Suite à notre conférence de presse organisée conjointement avec le RQOH et l’AGRTQ, la ministre de l’Habitation répondait à nos critiques par l’entremise d’une entrevue accordée à La Presse, le 27 février dernier. C’est dans cette entrevue que nous apprenions publiquement que le programme AccèsLogis serait définitivement aboli. Cela venait frontalement contredire ce que les fonctionnaires de la Société d’habitation du Québec avançaient, à l’effet que le programme serait maintenu et amélioré. La ministre s’en remet maintenant au Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) pour la construction de logements à but non lucratif ou privé dont l’abordabilité peut, au choix, durer qu’entre 10 et 35 ans.

Un programme plus efficace, nous sommes tout à fait d’accord! Mais un programme qui laisse de côté les personnes à plus faible revenu ou plus vulnérables, c’est inacceptable! Le gouvernement provincial travaille littéralement à contresens de tous les acteurs qui eux sont mobilisés à bloc pour aider à résoudre la crise du logement, dont le fédéral et les villes. Le gouvernement provincial se désengage de plus en plus du logement social au profit de « l’abordable » ou des allocations d’aide aux locataires logés dans le privé.

Autre nouveauté, la ministre nous annonçait, dans le même article, sa volonté d’avoir recours à divers types de financement privé : « Québec veut multiplier les partenariats de toutes sortes, à l’image de ceux déjà conclus avec Desjardins, avec le Fonds de solidarité FTQ et avec Fondaction, pour construire plus vite des logements abordables. La ministre prévoit aussi l’inclusion prochaine de fondations philanthropiques et de nouvelles catégories d’investisseurs dans la stratégie gouvernementale. Des annonces seront faites sous peu. »

Cette dernière annonce laisse vraiment songeur quant aux choix et intentions du gouvernement de se désengager et de « privatiser» le financement du logement social et abordable. Déjà en juin dernier, 350 M$ des fonds publics ont été redirigés vers la FTQ et le Mouvement Desjardins afin de réaliser 2000 logements sociaux ou abordables en 3 ans. Des millions qui auraient pu être investis dans AccèsLogis pour compenser le manque à gagner des coûts de construction qui ne cesse d’augmenter et achever le «backlog» rapidement. En ayant recours à divers fonds hors programme, le gouvernement n’est-il pas en train de se soustraire à ses responsabilités d’atteinte de résultats et de rendre compte de l’utilisation de l’argent des contribuables? Il sera ainsi plus difficile d’en avoir une traçabilité et de mesurer l’efficacité des actions.

Par ailleurs, le recours à une diversité de fonds complique encore davantage les montages financiers des projets et remet sur les épaules des OSBL en habitation la responsabilité de courir après les sommes nécessaires en faisant les dix travaux d’Astérix. Une autre façon de ne pas assumer la responsabilité de rendre des comptes sur les programmes mis en place. Ce sera donc la faute des promoteurs si un projet échoue !

Enfin, après plusieurs années, nous avons réussi à obtenir une nouvelle Loi qui encadre la revente d’immeubles à but non lucratif à des intérêts privés. Cette dernière ne s’appliquant qu’aux projets ayant reçu du financement public, des projets créés avec divers fonds pourraient à nouveau tomber dans les mains d’administrateurs peu soucieux de leur pérennité.

En somme, jusqu’où ira le gouvernement actuel pour nier sa responsabilité d’assurer le bien-être de sa population et protéger le bien commun?

Chantal Desjardins

Directrice générale