20 avril 2021
Le budget fédéral de 2021 démontre une volonté du gouvernement fédéral d’intervenir davantage pour rendre le logement plus abordable pour les personnes vulnérables, mais le financement n’atteint pas les sommes nécessaires pour avoir l’impact désiré sur les citoyens affectés par la crise du logement qui sévit actuellement.
Le point le plus important de ce budget est sans doute le financement de 1,5 milliard de dollars alloué à une deuxième phase de l’Initiative pour la création rapide de logement (ICRL) en 2021-2022, dont 25% seront consacrés à des projets de logement pour les femmes. Cette somme est certainement une amélioration lorsqu’on la compare aux 500 millions qui avaient été octroyés pour ce programme lors du dernier budget. Toutefois, lors de la première phase, l’ICRL avait reçu des demandes de projets représentant des investissements à la hauteur de 6 milliards de dollars. De nombreux projets ont été refusés, dont plusieurs au Québec. Malgré que cet investissement permette la construction de 4500 logements additionnels, cela est largement insuffisant pour combler les besoins actuels. L’ICRL étant le seul financement hors marché-privé inclut dans le budget, il aurait dû être davantage financé. Nous voulons que les sommes investies dans l’ICRL servent pour de nouvelles unités et non pour des unités déjà engagées dans le programme AccèsLogis de la SHQ. De plus, l’Initiative fédérale de logement communautaire (IFLC), qui appuie les fournisseurs de logements communautaires financés par le fédéral, a également été bonifié avec un financement additionnel de 118,2 millions sur sept ans.
Le budget a prévu une réaffectation de 1,3 milliard de dollars dans le cadre du Fonds national de co-investissement pour le logement, notamment dans la création et réparation de nouvelles unités, ainsi que pour les logements de transition et refuges pour les femmes et leurs enfants fuyant la violence. Parmi cette réaffectation, 300 millions seront également versés pour appuyer la conversion de commerces et immeubles à bureaux vacants dans les centres-villes en logements locatifs, que nous espérons ne servira pas à sauver les propriétaires immobiliers. « Ce 1,3 milliard de dollars aurait possiblement été plus efficace s’il avait été envoyé directement aux provinces, pour qu’ils puissent investir dans leurs propres programmes et répondre à leurs besoins spécifiques », soulève Chantal Desjardins, directrice générale de la FOHM. La taxe de 1% sur les propriétés de non-résidents qui sont considérées comme sous-utilisées est également une bonne mesure, mais qui sera toutefois insuffisante pour prévenir la spéculation immobilière grimpante.
Certains éléments importants auxquels nous nous attendions n’étaient pas présents dans le budget. Ceci inclut entre autres l’absence de mesures liées au logement pour les Autochtones en milieu urbain. De plus, le budget n’a pas inclus de prestations pour les locataires résidentiels ni de programmes de supplément au loyer en dehors des logements qui sont financés directement par le IFLC. Considérant la crise du logement qui sévit actuellement à Montréal ainsi que partout au Québec, avec 457 340 ménages locataires qui consacrent plus de 30% de leur revenu pour se loger, dont 195 635 très précaires qui y consacrent plus de 50%, le budget n’accorde pas suffisamment d’aide, conclu la directrice de la FOHM.
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