La réaction de la FOHM. La Stratégie nationale sur le logement du Canada, dévoilée cet après-midi par le premier ministre Justin Trudeau et le ministre du Logement Jean-Yves Duclos, marque un vrai renouvellement dans l’approche du gouvernement fédéral vis-à-vis du logement. Après plus de vingt ans de retrait de ce dernier dans le domaine, c’est une orientation que nous saluons.
La FOHM salue particulièrement l’annonce de la reconnaissance du droit au logement par le gouvernement fédéral. L’ajout de cet outil à l’arsenal législatif canadien était réclamé par le mouvement du logement social et communautaire depuis de nombreuses années et la FOHM ne peut que recevoir favorablement l’annonce d’un droit au logement, soutenu par une loi et un défenseur fédéral du logement.
Notre fédération reçoit avec soulagement l’engagement du gouvernement fédéral à soutenir les locataires qui bénéficient d’une aide au paiement de leur loyer vivant dans les OSBL, notamment financés par un programme HLM, dont les conventions d’exploitation arrivent bientôt à échéance. Cette annonce permet de penser l’avenir de ces organismes plus sereinement, bien que les détails de l’aide ne soient pas encore connus.
Il en va de même pour le choix fait par le gouvernement de laisser les collectivités définir les orientations de leur plan de lutte à l’itinérance. Cette approche généraliste de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) est défendue par la FOHM et reconnaît que l’itinérance dépasse le sujet du strict logement et que l’intervention doit se faire de manière multiple, et notamment en prévention.
La priorité donnée au logement pour les femmes, enfin, est cohérente avec la réalité que nous observons à Montréal, et nous la saluons. Les difficultés supplémentaires que rencontrent les femmes dans l’accès au logement sont un véritable enjeu qui s’associe, dans notre région, au manque de logement pour les familles, notamment monoparentales.
Certains aspects de cette Stratégie pour le logement demeurent pourtant décevants. Ainsi, nous trouvons malheureux de ne voir annoncer la construction que de 60 000 logements abordables sur 10 ans, là ou la Société Canadienne d’Hypothèque et de Logement (SCHL) estime à 1,7 million le nombre de ménages ayant des besoins impérieux en logement.
Enfin, nous sommes très inquiets vis-à-vis de l’annonce de l’allocation pour le logement. Ce type de mesure, qui encourage le logement privé au détriment du logement communautaire, est porteuse de nombreux effets pervers. Sa mise en place dans plusieurs pays dans le monde nous permet notamment de savoir qu’elle ne répond pas aux besoins des plus vulnérables, mais aussi que loin de proposer une solution durable au problème de l’accès au logement, elle cause à moyen terme une augmentation des loyers pour la classe moyenne.
« Si nous devions donner une note, ça serait un bon 70% », affirme Claudine Laurin, directrice générale de la FOHM. Toutefois, « nous restons attentifs au résultat de la négociation avec les provinces ». En effet, comme le premier ministre canadien l’a précisé, cette stratégie n’entrera en action au plus tôt qu’en 2019, puisqu’elle s’appuie sur une forte collaboration avec les provinces dont les modalités sont encore à établir.